Les principaux moteurs du marché pour la télésanté demeurent le manque de médecins, surtout de spécialistes dans les régions éloignées, le sentiment d'un isolement professionnel et la demande croissante de services de soins de santé équitables et accessibles, a rappelé Ghislaine Alajouanine.
Selon elle, il faut lancer une opération en Haute Sécurité Santé (HS2) à grande échelle afin d'assurer le maillage du pays grâce à la télésanté. L'objectif est de réduire le plus rapidement possible la désertification sanitaire, l'engorgement des grands hôpitaux et aider à la ré-affectation des petits établissements hospitaliers, a-t-elle indiqué.
Au cours de son intervention, Ghislaine Alajouanine a énuméré les principales vertus de la télésanté-télémédecine, qui génère:
- de la croissance (le secteur "technologie de la santé et système de communication" totalise 805.000 emplois, un chiffre d'affaire de près de 200 milliards d'euros réalisant 6,4% de la valeur ajoutée marchande);
- du développement durable;
- une réponse à une meilleure prise en charge ("la télémédecine glisse vers la télésanté, la téléprévention reflète un passage plus général du diagnostic et du traitement vers le bien-être du patient");
- de la vie économique et sociale ("la télésanté aide les patients et soulage les aidants").
Ghislaine Alajouanine a par ailleurs insisté sur la nécessité d'organiser des marchés lisibles et constructifs à financement stable, qui permettent aux entrepreneurs d'industrialiser valablement, afin d'être compétitifs et de pouvoir suivre le rythme des changements technologiques.
Elle a également soulevé la question relative à l'absence de politiques concernant le remboursement des médecins qui s'engagent dans l'exercice de télésanté. C'est un point susceptible "de mettre en veilleuse le développement de la télésanté jusqu'à ce qu'elle ne se réveille plus", a-t-elle prévenu.
L'utilité de la télémédecine n'est aujourd'hui plus à démontrer et il est désormais impératif d'avancer, a-t-elle insisté. "Dans cette optique, la France a besoin d'une force de mobilisation afin de devenir un leader mondial dans le domaine de la télésanté au service du citoyen", a-t-elle expliqué.
Elle s'est élevée contre ceux qui affirment que la télémédecine coûte cher. "La télémédecine ne coûte pas, elle rapporte", a-t-elle souligné. Une étude récente suisse montre que les technologies de la télésanté permettent d'épargner de l'argent jusqu'à six voire neuf fois les investissements consentis, a-t-elle indiqué.
"Demain, grâce à l'apport des nouvelles technologies relatives à la santé, comme les capteurs qui peuvent surveiller et prendre les paramètres médicaux à distance, c'est le médecin alerté qui prendra l'initiative d'appeler le patient pour un rendez-vous", a-t-elle estimé.
La présidente de la Commission Galien a, en outre, insisté sur la nécessité d'une "transversalité ministérielle". La télésanté relève non seulement du domaine de la santé, mais aussi du social, de l'économie, de l'industrie, de l'intérieur, de la défense, du commerce extérieur ou encore de l'aménagement, a-t-elle affirmé.
"Vouloir ignorer la télésanté serait de la non-assistance à personne en danger et les entreprises des technologies de la santé seraient en péril", a-t-elle conclu/eg/ajr
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