Le CHU d'Angers a entrepris une démarche originale avec le CH de Laval: une supervision de l'acte d'angioplastie à distance avec visualisation des examens en temps réel, grâce à une liaison par visioconférence disponible 24h/24.
Ce projet a été porté par le Professeur Philippe Geslin (service de cardiologie du CHU d'Angers), en lien avec l'équipe du Docteur Pierre Bienvenu (service de cardiologie de Laval) et les équipes techniques des deux établissements, avec l'appui de Thierry Alnet du Syndicat Interhospitalier de Télécommunication de Santé des Pays de la Loire (S.I.T.E).
Cette expérience (la première de ce type), débutée en 2007, est désormais passée en routine. Interrogé par l'APM, le Pr Geslin s'est félicité de ce système qui pourrait permettre à des hôpitaux ayant une faible activité de cardiologie interventionnelle d'être autorisés à le faire en se liant à un autre hôpital, pour constituer une équipe unique sur deux sites.
La procédure mise en place entre les deux établissements permet de transmettre les images médicales dynamiques en direct et de tenir un dialogue simultané entre praticiens de manière pérenne et stable.
Un cardiologue interventionnel d'Angers travaille désormais à mi-temps à Laval. Pour toutes les interventions, il a la possibilité de discuter des cas par visioconférence avec un cardiologue du CHU puis, durant la réalisation de l'angioplastie, faire appel à l'un de ses collègues d'Angers en cas de besoin et à tout moment, le cardiologue référent visualisant directement l'image de la coronarographie.
Une telle prouesse technologique est rendue possible grâce à un système de télécommunication développé dans la région: le réseau à haut débit Mégalis Pays-de-la-Loire.
"Les équipements de visioconférence des deux établissements communiquent selon un protocole internet (ou IP) avec un débit maximum de 2 mbps (megabits/seconde)", soit un débit de transmission "30 fois plus important qu'un réseau téléphonique classique", précisent les deux établissements.
A Angers, se trouvent deux écrans pour la visioconférence: l'un pour que le cardiologue référent voie le praticien qui réalise l'intervention, l'autre qui lui restitue l'image de l'intervention.
Les fournisseurs sont le constructeur norvégien Tandberg pour les équipements et la société parisienne Comiris Technologie pour l'intégrateur. Les hôpitaux soulignent que ce dossier de coopération a pu être développé grâce à des financements de la région (successivement 32.000 euros et 41.500 euros).
Cette procédure de télémédecine anticipe la réglementation qui va sous peu contraindre les centres d'angioplastie à effectuer au minimum 400 angioplasties/an pour conserver leur autorisation. Le nombre d'angioplasties réalisées à Laval était de 59 en 2007. Le centre Angers-Laval a, quant à lui, réalisé 701 angioplasties.
Le Pr Geslin espère que l'activité à Laval va désormais augmenter, le niveau de progression dépendant notamment de la possibilité de recruter des praticiens.
"L'idée est qu'il n'y ait qu'une seule équipe sur deux sites". Encore faut-il que cela soit accepté, mais "le directeur de l'ARH Pays-de-la-Loire était présent lors de cette conférence et s'est montré convaincu", souligne-t-il, tout en espérant que l'agence valide ce système.
Une telle possibilité pourrait probablement être appliquée à d'autres régions, estime le Pr Geslin, en citant comme exemple la région parisienne où il existe de nombreuses "petites salles n'effectuant pas les 400 interventions requises par an". Elle pourrait également pallier le faible nombre de salles d'angioplastie dans certaines régions./fb/eg/ajr
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