Le CHU de Rennes, qui investit chaque année près de 1,5 million d'euros (M€) dans différents dispositifs internes de promotion à l'innovation et de la recherche et près de 15 M€ dans l'acquisition d'équipements médicaux de dernière génération, plus 10 M€ en numérique, était déjà engagé avec le groupe Philips dans le cadre de multiples collaborations dans le domaine de l'imagerie médicale et dans un partenariat d'innovation en anatomo-cytopathologie numérique.
Ce nouveau partenariat présenté comme "unique en France" et "de grande envergure" va plus loin qu'un partenariat "client-fournisseur" classique et de recherche, a souligné la directrice générale du CHU de Rennes, Véronique Anatole-Touzet, le 14 janvier lors d'un entretien accordé à APMnews/TICsanté.
"Il comprend certes un volet équipements et un volet recherche mais en innovation, cela n'avait jamais été fait. Il s'agit d'inventer et de coconstruire de nouveaux parcours notamment pour l'AVC et de les diffuser, de commercialiser des algorithmes qui changeront la pratique au CHU de Rennes et ailleurs", a ajouté David Corcos, président de Philips.
"Ce qui est nouveau c'est de faire du codéveloppement de parcours et d'innover sur deux situations: l'AVC et la réanimation", a poursuivi la DG. "Nous voulons développer des solutions nouvelles, les évaluer et les diffuser. Il s'agit de booster l'innovation dans les processus que ce soit pour la qualité de vie des patients ou la qualité de vie au travail pour les professionnels".
En outre, les deux partenaires vont partager leurs "écosystèmes" ou réseaux de recherche et de start-up pour favoriser l'incubation des projets. L'identification conjointe de start-up capables d'offrir des solutions innovantes aux besoins non couverts identifiés par les équipes du CHU, devrait permettre d'expérimenter des produits et services au bénéfice des patients et soignants.
L'accord comprend un volet équipement pour un montant global de 15 M€ sur 5 ans en imagerie en coupe (IRM, scanner), en imagerie interventionnelle (salles biplan et monoplan) dont une de neuroradiologie livrée récemment et en monitorage pour le CHU de Rennes et ses partenaires.
Cela représente un total de 240 systèmes dont pour le CHU: 1 Biplan Azurion 7, 1 Monoplan Azurion 7, 1 Monoplan Azurion 7 FlexArm, 2 IRM 3 teslas Elition X, 1 IRM 1,5 T Evolution, Dataware House Connect, 227 systèmes de monitorage, 2 systèmes ultrasons Affiniti 70; pour l'université de Rennes I pour du préclinique: 1 CT Ingenuity 128 Diamond Select et 1 salle Allura Diamond Select et pour la polyclinique Saint-Laurent 2 salles Monoplan Azurion 7.
L'accord prévoit un accompagnement des projets de recherche clinique des équipes médicales du CHU (imagerie cardiaque et thoracique, imagerie abdominale, neuro-imagerie diagnostique et interventionnelle, ranimations adulte et pédiatrique, anatomopathologie...) correspondant aux domaines d'expertise technologique de Philips.
La mise en oeuvre de projets de codéveloppement industriel et technologique porte sur trois thématiques stratégiques pour les deux partenaires: la prise en charge optimisée des AVC, l'intelligence artificielle (IA) et les entrepôts de données au service du monitorage "intelligent" en réanimation.
"Pour l'AVC, le temps manque: 'time is brain'. Le recours à l'IRM prend du temps et il faut pouvoir gagner du temps en simplifiant le parcours, en améliorant les performances des équipements, en utilisant des algorithmes", a indiqué David Corcos.
Il est prévu d'utiliser des algorithmes d'IA pour dépister et quantifier l'AVC, réduire le temps de transport entre le diagnostic et la thérapeutique, codévelopper une assistance robotique en neurologie interventionnelle, de l'imagerie post-AVC prédictive du devenir clinique, et globalement d'améliorer l'expérience patient.
"Pour la réanimation, nous pensons que l'on peut faire mieux en termes de qualité de vie au travail. Dans ces services, des alarmes sonnent sans cesse, ce qui est très stressant pour le personnel. La réanimation de demain devra avoir moins d'alarmes, plus ciblées et apportant une aide à l'équipe dans la priorisation des patients auprès de qui intervenir", a illustré le président de Philips.
Les travaux porteront sur des logiciels prédictifs de la dégradation du patient en réanimation et la gestion des alarmes, a développé la DG.
Le CHU de Rennes est très avancé dans la gestion des données puisqu'il a été à l'initiative du premier entrepôt de données du groupement de coopération sanitaire Hôpitaux universitaires du Grand Ouest (GCS Hugo), a souligné Véronique Anatole-Touzet. Des données de monitoring des patients critiques seront stockées grâce à de nouveaux équipements et exploitées pour faire de la recherche et en déduire des algorithmes prédictifs d'événements adverses, de dégradation. La crise du Covid-19 a montré l'importance de pouvoir anticiper les flux de patients en réanimation afin d'optimiser les capacités de ces services stratégiques et leurs ressources humaines rares. De tels outils pourraient y contribuer.
Sur ces projets, les partenaires apporteront une mise en commun de compétences.
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