La mutualisation interfédérale des SI n’est pas encore à l’ordre du jour. Chaque fédération développe pourtant ses propres initiatives au sein de son propre réseau d’établissements. Emmanuel Reyrat, responsable SI de la Fédération des centres de lutte contre le cancer (FNCLCC), a présenté la mise en place d’un réseau de transfert d’images entre établissements à l’échelle nationale, ouvert aux structures régionales comme l’AP-HP, qui l’a rejoint après sa création. "Nous n’oublions pas la dimension territoriale de la prise en charge du patient", a déclaré Emmanuel Reyrat.
La Fédération hospitalière de France (FHF) souscrit à cette approche. Pierre Lesteven, conseiller stratégie-recherche à la Délégation générale de la FHF, a mis en avant "une démarche systématique avec nos délégués régionaux et les responsables informatiques des centres hospitaliers, de façon à avoir une vision régionale des SI". Il a rappelé que l’objectif de la FHF est de "pouvoir communiquer non seulement entre établissements publics, mais aussi avec l’extérieur", afin d’adapter ses outils aux exigences des futurs Espaces numériques régionaux de santé (ENRS).
Dans cette perspective, la FHF place "beaucoup d’attentes" dans la publication des référentiels de l’ASIP et souhaite qu’ils lui permettent de "respecter l’autonomie de gestion des établissements", a indiqué Pierre Lesteven. "Les équipes sont rares et extrêmement difficiles à mobiliser. Il ne faut pas mettre tout le monde au pas et casser la dynamique existante, mais l’orienter vers un système plus interopérable", a-t-il précisé.
Les aspirations consensuelles contrastent toutefois avec des orientations contradictoires. Laurent Castra, directeur des affaires économiques de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), a estimé qu’il "faut casser des dynamiques. Il vaut peut-être mieux arrêter un projet mal engagé, afin d’éviter qu’il ne coûte plus cher". Il préconise ainsi de réaffecter une partie de l’aide à la contractualisation pour financer l’investissement dans les SI. "Nous savons que nous y consacrons trop peu de moyens. Investissons davantage dans la consolidation de SI performants, plutôt que de subventionner des établissements non performants", a-t-il ajouté.
La FHP émet aussi des réserves sur les modalités de répartition de l’investissement. Laurent Castra a fait part de son "grand scepticisme sur l’outil GCS", qui pose un "problème de statut. On sait que le GCS ne sera privé qui si les établissements ou les apports de capital sont en majorité privés". Redoutant une volonté de "construire du 'tout public' au niveau des SI", il a plaidé pour "garder beaucoup d’élasticité et de souplesse". Le secteur privé tient à conserver sa spécificité. "Nous avons des groupes nationaux. Il faut garder cette expertise et leur permettre de décliner leur expérience plutôt que de leur imposer des logiques uniquement régionales", a-t-il poursuivi.
La FHP ouvre néanmoins la porte à la négociation et propose une association public-privé, sur le modèle des recompositions hospitalières récentes. "Jouons le réseau, l’association public-privé. Faisons fi des barrières, des sous-enveloppes de programmes et des statuts", a exhorté Laurent Castra. "Une des clés d’entrée serait le financement par filière, en donnant la primeur aux établissements 'carrefours', pas forcément les plus gros mais les plus actifs dans la coordination des parcours", a-t-il suggéré.
Ces réflexions ne préoccupent pas autant d’autres organisations. François Bérard, délégué national de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD), a mis en garde contre "les obstacles à la télécommunication", comme l’absence d’accès à Internet. "On a beau mettre en place tous les outils informatiques au domicile du patient, si la liaison avec la structure HAD, l’établissement ou le cabinet du médecin de ville fonctionne mal, on risque d’avoir un problème", a-t-il expliqué.
Pour certains établissements, la mutualisation des SI est un débat abstrait. Selon Martine Labrousse, conseillère SI de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne (FEHAP), les structures médico-sociales "ont l’impression d’être la dernière roue du carrosse. Elles ne se sentent pas concernées par les SI. Des termes comme 'cadre d’interopérabilité' ou 'interopérabilité sémantique' ont besoin d’être vulgarisés"./gb/ar
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