L'Anssi fait partie de "l'équipe-projet" dirigée par l'Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) qui développe StopCovid, où elle est chargée de la sécurité numérique.
"La sécurisation de l’application apparaît primordiale pour veiller à sa fiabilité et à la confiance que les professionnels de santé chargés de gérer la crise sanitaire et les utilisateurs lui accorderont", a déclaré l'Anssi.
Afin d'anticiper ce risque, elle "conseille l'Inria sur le volet sécurité numérique, lui transmet un ensemble de recommandations techniques et évalue au fil de l’eau la sécurité des développements", explique-t-elle.
"Prenant en compte les spécifications techniques imposées par les fondements du projet StopCovid", l'agence recommande:
- "l'utilisation d'un coffre-fort électronique, matériel ou logiciel, pour protéger de manière robuste sur le serveur central, les informations pseudonymisées envoyées par le téléphone
- la mise en œuvre sur l'ensemble des composants du dispositif de mesures pour concevoir une architecture sécurisée et permettre le bon fonctionnement du traitement des informations tel qu'envisagé
- l'application de mesures de sécurité visant à se protéger des attaques informatiques de type DDOS
- l'utilisation de mécanismes d'audit de l'imputabilité et de la traçabilité des actions menées sur le système
- la réalisation d'audits et de contrôles de sécurité réalisés par l'Anssi tout au long de la conception de l'application. L'agence recommande également qu'un audit de type bug bounty soit mené en parallèle. Conçue en mode agile, l'application devra être régulièrement mise à jour par ses utilisateurs
- la création d'un dispositif de gestion des vulnérabilités pour maintenir un bon niveau de sécurité de l'application et du serveur central durant toute la durée d'utilisation de l'application
- la mise en place d'un dispositif de détection des cyberattaques pour réagir au plus tôt en cas de tentatives de compromission du système."
Le choix du protocole de traçage à l'aide de la technologie Bluetooth ROBERT (ROBust and privacy-presERving proximity Tracing) sur lequel repose le projet d'application "semble aujourd'hui faire consensus", note l'agence.
Son rôle "est d'accompagner ce choix en recommandant des mesures de sécurité efficaces et adaptées au contexte".
Ce protocole "repose sur la construction d'un historique de contacts pseudonymisés en utilisant les signaux Bluetooth" et a limité la taille des informations transmises entre les téléphones disposant de l'application, souligne-t-elle.
Dans ce contexte, "concernant le chiffrement des pseudonymes, l'Anssi recommande l'utilisation de l'algorithme de chiffrement SKINNY-64/192".
"Bien que récent, cet algorithme a été largement étudié et son analyse n'a révélé aucune faiblesse en termes de sécurité. Il offre, de plus, d'excellentes performances", fait-elle valoir.
Par ailleurs, l'agence "recommande fortement aux futurs utilisateurs de mettre régulièrement à jour leur téléphone pour limiter les risques liés à l'usage" du Bluetooth.
Enfin, "tous les travaux menés dans le cadre du projet StopCovid seront publiés sous licence open source afin de garantir l'amélioration continue du dispositif et la correction d'éventuelles vulnérabilités", est-il indiqué sans plus de précisions sur une éventuelle date de publication.
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