Pour accompagner son développement numérique, le secteur social et médico-social doit "s’arrimer à la grosse machine du sanitaire, mais [il] est très en retard", a rappelé Virginie Lasserre lors du congrès de la Fehap, organisé sur le thème "la personne actrice de son parcours à l’ère du numérique".
"Le médico-social [n’est] pas encore au rendez-vous, avec des logiciels qui ne sont pas toujours adaptés aux besoins des professionnels, des carences en termes d’ergonomie ou d’interopérabilité", a-t-elle pointé. Elle a rappelé que la feuille de route pour le numérique en santé présentée en avril par la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, comprend un "plan ESMS" (2020-2022) pour accompagner le secteur, notamment dans ses investissements.
Il a pour "objectif de développer le numérique en priorité, au printemps 2020, dans les ESMS du champ du handicap et de la perte d’autonomie, avant [une généralisation] à l’ensemble des ESMS", a précisé Virginie Lasserre.
Le plan dispose d'"un fonds d’amorçage de 30 millions d’euros" environ "qui est prévu par la CNSA [Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie], avec un volet prioritaire qui est d’améliorer la gestion du dossier de l’usager notamment".
Sur le financement du numérique au sein des établissements de santé, "le chemin n’est pas totalement finalisé" a considéré par ailleurs Katia Julienne, directrice générale de l’offre de soins, évoquant "un premier volet avec le programme Hop’EN". "Nous devons de la même manière outiller les professionnels en ville avec de l’investissement qui permette de faciliter la coordination de la prise en charge."
S’agissant du déploiement du dossier médical partagé (DMP), Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), a constaté "une bonne dynamique venant des établissements sanitaires". Mais "c’est un peu plus compliqué sur le médico-social", a-t-il relevé. L’assurance maladie "propose un partenariat aux Ehpad [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] pour les aider à faire l’adaptation de leur système".
Il a précisé que "20% des médecins généralistes alimentent le DMP". Il y a "8 millions de dossiers ouverts en France, on en ouvre 80.000 chaque semaine", a-t-il ajouté.
Le directeur général de la Cnam s’est aussi félicité de la montée en puissance de l’utilisation des outils de télémédecine: "On avait 5.000, 6.000 téléconsultations sur le seul mois de juin, on va être en octobre à 25.000 téléconsultations, je suis confiant sur le fait que la croissance va s’intensifier".
Un autre enjeu est "d’étendre la mesure de satisfaction des usagers pour l’ensemble des prises en charge", a poursuivi Virginie Lasserre. "Cela a commencé en mai 2018 pour la chirurgie ambulatoire et dès 2019, s’est étendu aux services de soins de suite et de réadaptation [SSR] et aux Ehpad."
"Il faut développer e-Satis sur l’ensemble du champ sanitaire et du médico-social", a abondé Katia Julienne.
Le système e-Satis "n’a pas été coconstruit avec les usagers et très peu de gens y répondent, moins de 10%, c’est très peu représentatif", a néanmoins fait observer Catherine Cerisey, patiente enseignante à la faculté de Bobigny.
"Surtout, les questions ne correspondent pas aux attentes des patients. On ne parle pas de qualité de vie", a-t-elle conclu.
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