Le directeur de l'hôpital, Rodolphe Bourret, a rappelé à l'occasion d'une agora organisée par la société Alicante que la volonté de travailler sur l'intelligence artificielle (IA) était inscrite dans le projet d'établissement. "Ça commence à se diffuser au sein de l'établissement", a-t-il observé.
Pour lui, il est important que l'ensemble du personnel acquière une maturité sur l'intelligence artificielle et sur la transformation des organisations par ces outils innovants. Il a précisé à APMnews (site d'information du groupe APM International dont fait partie TICsanté) que 1% du budget de l'établissement était dévolu au développement de l'utilisation de l'intelligence artificielle (outils, ressources humaines...).
Dans ce contexte, le projet de "Health Data Hub" territorial regroupera des entrepôts de données organisés par grands thèmes (médico-économie, épidémiologie, médecine personnalisée, e-santé, recherche), avec au coeur le système d'information de production (dossier patient, plateaux techniques, logiciel de facturation -GAM-...)
Il pourra alimenter les différents vecteurs d'IA, pour piloter et gérer l'activité en temps réel. Le CH a déjà plusieurs partenariats dans ce domaine dans le cadre soit de proofs of concept (POC, ou preuves de concept), pour vérifier avant de rentrer en production, soit de systèmes plus matures, comme l’utilisation du codage avec Alicante, a expliqué Frédéric André.
L'établissement a noué un partenariat avec Alicante notamment sur l'optimisation du codage, le "profilage patient par spécialité" ainsi que sur la prédiction de durée et de déroulement de séjours, de patients à risques et des flux à l’arrivée de l’hôpital.
Avec Quinten, il travaille sur l'analyse de la prescription médicamenteuse et, avec Arterys, sur la mise en place de modules d'interprétation et de plateformes de services en imagerie.
Il est prévu d'alimenter à partir de ces analyses des utilisateurs provenant de différents horizons (hôpitaux, cliniques, secteur médico-social, réseaux de soins, patients, médecine de ville, Smur).
L'entrepôt territorial sera multisite car "on a choisi une architecture distribuée", a indiqué Frédéric André.
Le CH de Valenciennes n'est pas hébergeur de données de santé mais "travaille sur la propriété des données [...] pour que chaque établissement puisse avoir son autonomie" avec un apport et une utilisation locale.
"L'esprit est de partir de nos données" puis d'intégrer d'autres espaces au niveau du territoire mais aussi au niveau régional, et pourquoi pas national, a-t-il expliqué.
Le CH souhaite inclure les données populationnelles du territoire, celles des autres établissements du groupement hospitalier de territoire (GHT), des maisons de santé, de la plateforme régionale Predice de services entre établissements publics, privés et professionnels de santé, des dossiers médicaux personnels (DMP) et pharmaceutiques (DP), de l'Insee...
Il est actuellement dans une phase de neutralisation de ses données afin qu'elles soient exploitables indépendamment des logiciels métiers. Il travaille d'ailleurs à réduire le nombre de ses applications afin de mieux gérer les données. Il en avait plus de 200, est passé à 150 et projette d'arriver à 100 à moyen terme.
L'hôpital propose son expérience pour accompagner les autres établissements dans la mise en oeuvre de ces environnements complexes.
Il s'agit par exemple de l'installation aux CH de Denain et Fourmies (Nord) de solutions d'entrepôt de données maîtrisées par le CH de Valenciennes avec la reprise des informations antérieures, la connexion au flux pour alimenter en temps réel l'entrepôt et la préparation des données pour les usages d'intelligence artificielle. L'idée est également de ne pas apporter un écran de plus à l'utilisateur, en passant à une plateforme cloud.
Bernard Castells, chef du pôle imagerie du CH de Valenciennes, a indiqué que l'intelligence artificielle était déjà utilisée de façon systématique en imagerie pour les examens du coeur par IRM ou des poumons par scanner, dans le cadre du partenariat avec Arterys.
L'hôpital en attend une amélioration de la qualité moyenne des diagnostics (réduction de la variabilité d'analyse entre les praticiens et sur le territoire) ainsi qu'une optimisation de l'utilisation des plateaux d'imagerie et de leurs ressources humaines (attractivité, image de marque...).
Pour Bernard Castells, l'utilisation de l'intelligence artificielle va changer la pratique des métiers, les organisations, les flux internes aux hôpitaux et les parcours des patients mais ne devrait pas conduire à réduire les effectifs de radiologues.
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