Avec "entre 50 et 80 patients par jour" qui passent par son service de neuro-radiologie, le CHU de Dijon n'a pas lésiné sur les moyens pour s'équiper.
L'hôpital s'est doté d'un scanner Aquilion One Genesis "il y a quelques mois pour 1 million d'euros", fourni par Canon Medical Systems, et s'est donc vu offrir "gracieusement" un module d'IA par la société technologique.
Baptisé "Aice" (pour "Advanced intelligent clear-IQ engine"), ce module d'IA est "installé par Canon Medical Systems indépendamment de la machine", et "permet d’améliorer les images des scanner en diminuant spectaculairement le bruit dans l'image", a détaillé le Pr Ricolfi.
"Les images sont beaucoup plus nettes, livrées en temps réel et nous pouvons voir s'il y a une anomalie chez un patient plus facilement", a-t-il complété.
Pour parvenir à ce résultat, les équipes de Canon Medical Systems ont entraîné leur algorithme de deep learning (apprentissage profond) sur un jeu de données constitué de "plus de 100.000 photos" provenant "de partout dans le monde où Canon a des partenariats".
"Il a fallu cinq à six ans de développements pour concevoir cet algorithme", a précisé François Vorms, directeur général de Canon Medical Systems qui a expliqué la gratuité du dispositif à Dijon par une volonté de "nouer un partenariat scientifique et démontrer que la technologie performante".
Concomitamment, la réduction du grain dans l'image réserve un autre avantage: une diminution drastique de l'exposition aux rayons X.
Cette diminution de l'exposition aux rayons X permet également au Pr Ricolfi et ses équipes de "passer le patient au scanner pour des contrôles, sans crainte d'irradiation" et de couvrir ainsi une plus large zone, voire le corps complet du patient.
"Cela n'a pas modifié notre protocole mais nous pouvons désormais radiographier le crâne, le cou et le cœur du patient, quand avant, nous radiographions le crâne et le cou seuls."
Si le CHU de Dijon est le premier en Europe à se voir équipé de la technologie "Aice": "deux autres hôpitaux français vont aussi en bénéficier : le centre de lutte contre le cancer (CLCC) Gustave-Roussy (Paris) dont la mise en route est prévue pour mars 2019 et le service ostéo-articulaire du CHU de Nancy qui en sera équipé en mai 2019", a annoncé François Vorms.
"Canon Medical Systems travaille actuellement au développement de la même IA pour les IRM. Elle permettra aussi une amélioration image mais également du work flow avec un impact sur l'organisation du service. Concrètement, nous allons confier à la machine des tâches qui ont peu de valeur ajoutée et cela permettra aux équipes de passer plus de temps avec patient", a-t-il également déclaré.
En attendant que ces nouveaux développements voient le jour, à Dijon, les équipes du service de radiologie ont été formées à la technologie "durant le week-end du 23 décembre" par Karim Haioun, expert des applications cliniques scanner de Canon Medical Systems, et continuent de se familiariser avec l'IA.
"L'innovation a très bien été reçue par les équipes médicales, ils y ont vu une différence de qualité d'image notable", a expliqué l'expert.
Du côté des manipulateurs en électroradiologie médicale, l'enthousiasme est partagé. "L'IA, en tant que personne lambda, je ne m'y intéressais pas forcément mais elle répond positivement à l'évolution de nos métiers", a témoigné Nathalie Millot.
"Pour nous, elle permet de rendre sa netteté à l'image et elle permet au médecin de passer plus de temps sur les cas les plus complexes", a-t-elle ajouté.
Pour son collègue -également manipulateur en radiologie-, Eric Decorbez "à [leur] niveau, l'IA ne change pas forcément la façon de travailler même s'il a fallu se former sur la nouvelle machine".
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