L'opération, qui a démarré mardi 5 février à 21 heures et s'est terminée à minuit, a mobilisé une trentaine d'informaticiens de la DSI, une centaine de personnels médicaux et une autre centaine de paramédicaux et cadres de soins, chargés de surveiller que l'activité se poursuivait bien pendant la coupure du réseau.
Elle a touché plusieurs sites du CHR, à savoir les hôpitaux de Mercy, Bel-Air et Hayange mais aussi les établissements du groupement hospitalier de territoire (GHT) Lorraine Nord (dont le CHR est le support), comme les CH de Briey et Boulay et l'hôpital militaire Legouest à Metz.
L'objectif de la coupure était de "mettre en place l'intelligence logicielle au niveau des cœurs de réseaux pour qu'il puisse y avoir des basculements automatiques d'un cœur vers un autre", notamment en cas de panne, mais aussi de mettre à jour ces cœurs de réseaux pour "élever leur niveau de sécurité", a précisé Michaël De Block.
Un cœur de réseau constitue le centre névralgique des infrastructures d'information et de communication à haut débit. Il est indispensable au fonctionnement du système d'information hospitalier (SIH).
La coupure déclenchée au CHR Metz-Thionville a permis aux équipes informatiques de tester le fonctionnement de ces cœurs de réseaux, et de s'assurer qu'ils pouvaient se relayer pour assurer la continuité du service. "On a simulé des pannes pour voir si tous les flux passaient bien", a indiqué Michaël De Block, mettant en avant la réussite de cette "opération de grande envergure".
Préparée depuis "plus de trois mois" par la direction de l'établissement, l'opération a obligé les différents services hospitaliers à fonctionner sans informatique ni téléphonie, selon un "mode dégradé papier", alors que l'hôpital utilise au quotidien une centaine de logiciels.
"Dans l'heure précédant la coupure, on a imprimé tous les dossiers des patients présents à l'hôpital, on est passé dans tous les services pour s'assurer que les équipes fonctionnaient bien dans ce mode dégradé", a relayé le DSI. Après la reprise du réseau, il a aussi fallu s'assurer que toutes les informations notées sur papier ont été saisies dans les outils informatiques.
Dans un communiqué de presse diffusé à la suite de la coupure réseau, la direction générale du CHR Metz-Thionville a "salué le professionnalisme" et la "mobilisation exemplaire" des équipes administratives, informatiques et techniques sur cette opération.
"On a tendance à faire une confiance aveugle à l'informatique, et on ne se rend plus compte de ce que l'on perd si elle s'arrête", a remarqué Michaël De Block, pour qui la coupure réseau a permis de "faire comprendre aux personnels que l'informatique contre laquelle certains pouvaient râler il y a 15 ans est finalement devenue indispensable".
Deux actualités réglementaires ont motivé cette coupure informatique: l'entrée en vigueur du règlement général européen relatif à la protection des données personnelles (RGPD) en mai 2018 (lire dépêche du 29 mai 2018) et la désignation du CHR comme "opérateur de service essentiel" (OSE) par une lettre de Matignon reçue en octobre 2018, en application de la directive européenne 2016/1148 du 6 juillet 2016 (lire dépêche du 6 juin 2018).
Ces deux réglementations "contiennent beaucoup d'axes liés à la sécurisation du système d'information, considérée comme l'une des trois briques essentielles de la disponibilité d'un service", a rappelé Michaël De Block.
Cette "disponibilité" du service hospitalier est aujourd'hui permise par les redondances mises en place entre les différents cœurs de réseaux de l'établissement.
La redondance informatique permet aussi à présent à la DSI de procéder à des mises à jour logicielles sans être obligée de couper le fonctionnement des outils informatiques. "A présent je peux mettre à jour une partie du cœur de réseau, et pendant ce temps-là , le relais est pris par un autre cœur pour que le système continue de produire", a mis en avant Michaël De Block.
"Il vaut mieux convaincre sa direction générale de réaliser une grosse opération de trois heures, plutôt que de perturber la continuité des soins à chaque mise à jour", a-t-il observé.
Vos réactions
Afficher/Masquer les commentaires (1)