Laurent Tréluyer a développé les différents points relatifs au projet "région sans film", qui consiste à mettre en place des PACS (Picture Archiving and Communication System) dans plus de 90 établissements de santé en Ile-de-France. Ce projet est porté par la mise en oeuvre d’un groupement de coopération sanitaire (GCS), baptisé D-SIS IF, et dont les membres fondateurs sont, pour les principaux, l’AP-HP, le CH de Gonesse, le groupe Hospitalier Diaconnesses Croix Saint-Simon et l’IGR.
A ce jour, un certain nombre d’établissements de santé de la région ne disposent pas de système d’imagerie médicale PACS, essentiellement en raison des coûts de mise en oeuvre des solutions et de maintenance, ainsi que des besoins de compétences internes pour maintenir ces systèmes au quotidien. Alors que des établissements comme l’IGR ont déjà mis en place des PACS, le problème se pose plus généralement pour les petites structures qui éprouvent de réelles difficultés pour s’équiper, indique Laurent Tréluyer. La situation ne permet pas aujourd’hui de "prendre en charge les patients, tout en disposant de leurs antériorités en matière d’examens radiologiques", admet-il.
La région Ile-de-France s'est orientée vers un principe de mutualisation avec l’engagement de l’Arhif, qui a lancé le projet "région sans film" pour 2012. Cette action régionale se traduit concrètement avec un objectif opérationnel de généralisation des systèmes d’imagerie médicale PACS à l’ensemble des établissements de la région d’ici 2-3 ans, explique le DSI. L’ambition est de mettre des PACS dans les établissements de la région qui n’en n'ont pas, avec un prestataire identique pour tous ceux qui seront installés, précise-t-il. Bénéfices attendus: un accroissement de la qualité de prise en charge des patients avec la continuité des soins et le partage de l’information, ainsi qu'une réduction des coûts.
Une étude de faisabilité a été réalisée afin de couvrir l’ensemble de la problématique et pour identifier les besoins en Ile-de-France, les projets de mutualisation concrétisés, ainsi que les éventuels déficits de couverture haut débit. Elle a permis de procéder à une évaluation financière qui a abouti à la valorisation de la solution en mode Saas (Software as a service). Ce modèle économique signifie que l’"on paye à l’examen archivé pendant 20 ans", sachant que l’examen moyen est de l’ordre de 3 euros, ce qui revient bien moins cher que s'il était effectué par un seul établissement sans PACS, souligne Laurent Tréluyer.
L’appel d’offres a été lancé il y a quelques semaines et le projet suscite un vif intérêt de la part des industriels, remarque-t-il. La procédure dite de "dialogue compétitif" doit débuter en mai et se poursuivre jusque fin juin voire jusqu’en septembre. Il s’agira ensuite de rédiger un cahier des charges, puis dans le courant du premier trimestre 2010, il est prévu que le projet débute sur deux sites pilotes: le CHI Poissy St-Germain (Yvelines) et le CHI d’Eaubonne-Montmorency (Val d’Oise).
Le budget est estimé à 29 millions d’euros et devrait être financé en partie par les collectivités locales (le conseil régional d’Ile-de-France pour les parties formation, maîtrise d’ouvrage et haut débit; des discussions sont actuellement en cours avec les conseils généraux), par les établissements de santé et dans le cadre du Plan hôpital 2012, informe Laurent Tréluyer. "Nous sommes aujourd’hui dans l’attente d’une réponse, mais si l’on veut mener à bien ce type de projet, avec de vraies études économiques, il faut un financement", estime le DSI.
Pour le moment, le projet englobe 28 établissements de santé (publics, privés, PSPH...) et correspond à 1,3 million d’examens annuels (chiffre minimum d’examens archivés annuellement et qui permet d’atteindre le meilleur prix du marché). Un élargissement aux autres établissements est ensuite prévu, mentionne Laurent Tréluyer. La vitesse de croisière envisagée pour la mise en place de PACS est de 5 établissements par trimestre. La mise en place de PACS permettra dans un premier temps une communication à l’intérieur de l’établissement puis entre établissements. Le but, à terme, est que ce projet pilote puisse se mettre en place dans d’autres régions ou CHT (Communautés Hospitalières de Territoires). "La mutualisation n’est qu’un des moyens" d’atteindre l’objectif d’une région sans film, considère le DSI.
"Nous souhaitons que les prestataires commencent à mettre en place tous les outils pour le partage et l’échange des données. C’est la logique qu’ont adopté les Anglais et les Canadiens et qui a fonctionné (PACS déployé à hauteur de 100%). Il s’agit en quelque sorte d’un déploiement en 3 temps: mise en place de PACS, puis mutualisation de l’archivage et enfin, gestion du partage", explique-t-il.
Des réflexions sont en cours au niveau de la Société Française de Radiologie (SFR) et de l’AP-HP sur les questions suivantes: combien de temps conserve-t-on les données et quelles données doivent-être conservées ? Mais la législation sur ce sujet est encore floue et inadaptée. "Nous réfléchissons actuellement à l’élaboration de règles", annonce le DSI. Selon lui, c’est aux médecins d'y réfléchir car ils sont en mesure de définir ce qui est "médicalement utile" de conserver et sur combien de temps (10 ou 20 ans ?). D’un point de vue juridique, la conservation des données se fait sur 20 ans, rappelle-t-il.
Le coût du stockage et de l’archivage des données diminue avec le temps. Mais garder des données coûte relativement cher et demande du temps et de l’énergie, observe le DSI. Il y a donc une véritable volonté à définir ce qui est utile (en fonction par exemple des pathologies), commente-t-il. Enfin, en matière d’échange de données, ne se pose pas le problème de l'INS (Identifiant National de Santé), car il s'agit de sécuriser l’échange. En revanche, en termes de partage des données, le contexte s'avère plus compliqué, conclut-il./eg/ajr
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