Lorsque les premiers signes d'un AIT ou d'un AVC mineur se manifestent, de nombreux patients consultent leur médecin traitant qui n'est cependant pas habitué ni à ce diagnostic ni à la prise en charge. Le délai de prise en charge aux urgences par des équipes spécialisées peut avoir des conséquences graves pour les patients, rappellent le Dr Annemarei Ranta du MidCentral District Health Board à Palmerston North (Nouvelle Zélande) et ses collègues dans Neurology.
Ils ont développé un logiciel d'aide à la décision, disponible sur internet, permettant à partir d'un court questionnaire d'avoir un diagnostic et une estimation du risque. L'outil propose une stratégie de prise en charge à partir des recommandations en vigueur, ainsi que diverses prescriptions et documents pour adresser le patient.
Pour cette étude, 56 médecins généralistes ont été randomisés en simple aveugle entre deux groupes: ceux qui utilisaient le logiciel et ceux qui suivaient leur pratique habituelle. Ils avaient tous auparavant eu une séance d'une heure de rappel sur la prise en charge de l'AVC et l'AIT et les recommandations.
L'analyse a porté sur 291 patients qui sont venus consulter leur généraliste après des signes laissant penser à un AIT/AVC. Il apparaît que ceux ayant été vus par un médecin disposant du logiciel d'aide à la décision ont reçu davantage de soins en ligne avec les recommandations, 76,2% contre 41,2% dans le groupe contrôle, soit un risque relatif rapproché (OR) statistiquement significatif de 4,6.
Au cours du suivi à trois mois, 1,2% des patients vus par un généraliste utilisant le logiciel a eu un AVC, contre 4,2% dans le groupe contrôle, soit un OR de 0,27 mais non significatif. En revanche, le risque d'AIT ou d'AVC à trois mois était significativement inférieur (OR=0,26, 2,3% vs 8,5%). Le risque composite de décès ou d'événements vasculaires (AVC, AIT, infarctus du myocarde, hémorragie) était aussi réduit de manière significative avec le recours au logiciel d'aide à la décision (OR=0,27).
L'incidence des effets indésirables était comparable entre les deux groupes, de 5,2% parmi les patients vus par un généraliste utilisant le logiciel et de 4,2% parmi les contrôles. Il s'agissait d'effets indésirables de médicaments dans la majorité des cas, tous réversibles sans séquelles. Un patient a été considéré comme à faible risque selon le logiciel mais a fait un AVC en attendant de revoir un spécialiste.
Selon l'analyse économique, le coût global de prise en charge (consultations médicales, transport en ambulance, passage aux urgences, hospitalisation, médicaments, examens complémentaires ainsi que le coût du logiciel) est en moyenne de 2.373 dollars néo-zélandais (environ 1.650 euros) par patient vu par un généraliste utilisant le logiciel, contre 3.852 dollars néo-zélandais (environ 2.680 euros) dans le groupe contrôle. Le rapport des coûts était de 0,65 en faveur de l'outil d'aide à la décision.
Ces résultats suggèrent que ce logiciel d'aide à la décision semble être un outil "viable" pour adresser les cas potentiels d'AIT/AVC pour une évaluation en urgence, concluent les chercheurs.
(Neurology, édition en ligne du 20 mars)
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